jeudi 11 février 2021

Eglise Saint-Rémy de Bèze

 




L'Eglise Saint-Rémy de Bèze . . .
 
dans l'ombre de l'Abbaye de Bèze (Fondée en 630)






Eglise paroissiale Saint-Rémy de Bèze




Eglise Saint-Rémy de Bèze
Bras gauche du transept, clocher et chœur




Nef unique de l'église paroissiale Saint-Rémy de Bèze

Article composé de plusieurs extraits du livre de Solange de Montenay 
L'ABBAYE BENEDICTINE SAINT-PIERRE DE BEZE
(son histoire au fil des jours)
livre réédité en 2021 par l'Association des Amis de l'Abbaye de Bèze.



*   *   *


 "A quelle époque remonte la première église construite pour les habitants de Bèze ?   

Aucune charte ne l'a rappelé. Il est vraisemblable que ce fut dans les premiers temps de la fondation de   l'abbaye en 630, alors que colons et serfs se groupant autour d'elle et sous sa protection, que les   moines, afin de n'être pas troublés dans leurs offices, construisirent une chapelle à leur usage, qui   devint une église lorsque la population s'accrut.  


★   826-827

     D'après une note manuscrite du dernier curé de Bèze avant la révolution, l'abbé Guelaud, en 1766, ce   serait en l'an 826 ou 827 que l'infirmier de l'Abbaye est devenu collateur de l'église Saint-Rémy de   Bèze, de celles de Bourberain et de Chevigny; un titre comportant le droit de patronage et de   nomination du Curé. Cela peut paraître surprenant à cette époque, les offices claustraux n'ayant pas   alors de revenus en propre. On doit donc supposer que ce fut une dérogation exceptionnelle, car le   texte est formel. « Les Bénédictins se disant nominateurs ou plutôt donnant cette nomination à leur   infirmier à cause de certain droit qu'il avait jadis sur les oblations faites tant à l'église dudit Bèze qu'en   celle de Bourberain et Chevigny, appelé droit de Patronage à luy cédé par le Sr. Abbé sous Eugène   second pour subvenir aux frais d’Infirmerie."                                                                                                         Il y avait des dîmes de toute nature à Bèze, sur le vin, sur les vignes, les maisons, et des redevances en   de nombreux villages. Cependant ces charges étaient lourdes, chacun le savait et personne ne se   dérobait lorsqu'il fallait payer son dû au collateur, car c'était le plus serviable des moines. S'il avait des   chevaux, comme le porte une charte de 1291, c'était pour faire amener le bois de chauffage, non   seulement pour les malades de l'infirmerie, mais aussi pour tout le monastère. Comme souvent   l'infirmier était, à cette époque, de la confrérie des moines médecins, ou du moins entouré de frères en   faisant partie, il était certainement le plus aimé du peuple parmi les moines de l'abbaye. Il savait   compatir à ses misères, atténuer bien des désespérances. Pour ses conseils, les gens lui étaient   foncièrement reconnaissants et le lui témoignaient comme ils le pouvaient.  Ainsi, en novembre 1296, Pierre le Guiers, de Bèze, fait donation à l'infirmier du monastère « de deux   pièces de terre, du quart d'une maison, de trois bêtes à cornes et de 60 sols tournois, en reconnaissance   de ses bienfaits ».


   1198 

 Dans les dernières années du siècle, l'Abbaye flambe ainsi qu'une partie du bourg, avec l'église Saint-   Rémy.  Un incendie, dont on ne sait rien, la ravage, et dut atteindre surtout les dépendances renfermant toutes les réserves de vivres, car les moines se trouvent du jour au lendemain sans ressources. Le monastère lui-même ayant subi d'importants dégâts, l'abbé se voit dans l'obligation de disperser une partie des moines dans d'autres monastères. Ne pouvant le faire de son propre chef, une lettre du pape Innocent III à l'abbé de Bèze, en 1198, « l'autorise à envoyer quelques-uns de ses moines à Cluny et à recevoir à Bèze des moines de Cluny pour le plus grand bien de son abbaye désolée par un incendie et souffrant de la pauvreté. »     


★   1209 

L'église paroissiale Saint-Rémi est reconstruite par les moines, grande et belle, à trois nefs. Le clocher s'élève au-dessus d'une voûte qui s'élance à 61 pieds du sol (près de 20m) , surmonté d'une lanterne aménagée en tour de guet. Le transept gothique qui subsiste actuellement est de cette époque.

Bèze n'était pas encore affranchi. Dominant le bourg fortifié, le clocher de l'église Saint-Rémy de Bèze était beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui, car il faisait office de tour de guet, de « cerchia ». L’avocat Bonyard écrira en 1680 encore, qu'il « sert en temps de guerre pour y loger une sentinelle. De ce clocher on découvre de toutes parts les environs de Bèze et les gens de cheval ou de pied qui en approchent. Le nombre des coups de cloche est le signal des habitants pour savoir à quelle porte on doit les observer.


 ★   1636

     Les jours sombres arrivent avec l'été et l'automne. Le 16 août, Condé doit lever le siège de Dôle. Le 28, le général allemand Mercy, à la tête de 3.000 Croates, s'empare de Pontailler, y fait «passer au fil de l'épée tous les habitons sans distinction d'âge ni de sexe et commet les mêmes barbaries dans tout le voisinage jusqu'à Mirebeau où il trouve plus de  résistance » 

Enfermés dans leurs murailles et leurs portes fortifiées, les hommes de Bèze font le guet de jour et de nuit. Chacun vit dans l'angoisse et la crainte de l'heure suivante, car déjà les armées ennemies se rassemblent au nord. Près de Champlitte, le feld-maréchal comte de Gallas fait sa jonction avec le duc de Lorraine et ses autres alliés. Toutes leurs forces réunies constituent une armée formidable pour l’époque : 50 à 60.000 hommes. Du côté français, le cardinal de la Valette campe à Montsaugeon et le duc de Weimar près d'Isômes à la tête des Suédois alliés. Ils attendent et observent.

Le 22 septembre Gallas part de Champlitte, entre en Bourgogne et descend la vallée de la Vingeanne. Il a sous ses ordres 31 régiments de cavalerie, 12 de Croates, 8 de dragons, 33 d'infanterie, au total 84 régiments, auxquels s'ajoutent 2 compagnies de 400 Polonais et 5 compagnies franches. L'artillerie se compose de 12 pièces de canons de 24 livres de balles, 22 pièces de 18 et 12 livres, 60 pièces de régiments, 12 mortiers à bombes. 3.000 chevaux conduisent artillerie et munitions avec 1.200 charriots pour les porter. Ce prodigieux déploiement de forces jette la terreur loin en avant, jusqu'à Dijon même qui s'attend au pillage.

Le premier village exposé est Pouilly-sur-Vingeanne, seigneurie de l'abbé de Bèze. « Tout y fut tué, les maisons brûlées, le bétail et les grains enlevés»  . Mornay, Montigny, Saint-Maurice sont détruits; la Commanderie de la Romagne prise, une garnison y est laissée. Descendant la vallée, Saint-Seine a le même sort. Seules résistent à l'incendie l'église et les deux grosses tours d'entrée du château . Puis c'est Beaumont pillé, brûlé, les habitants tués, tandis que la forteresse tiendra jusqu'au 8 novembre. Licey, autre seigneurie de l'abbaye de Bèze, est presque entièrement détruit. La vallée de la Vingeanne n'est plus qu'une immense traînée de feu. De là, une partie des Impériaux prennent la route de Noiron qui est « traité aussi cruellement que les autres » ; mais au lieu de continuer sur Bèze, ils obliquent et se dirigent sur Mirebeau qui, après un siège héroïque de trois jours, pendant lequel aucun secours ne lui parvient, tombe le 24 octobre. La ville pillée, tous les habitants rencontrés sont massacrés, 118 maisons brûlées, ainsi que le clocher dont les cloches sont fondues. Un butin considérable en vivres de toutes sortes est fait, surtout en sel dont l'armée impériale manque totalement. Après cela, tous les villages voisins sont livrés au pillage d'abord, aux flammes ensuite.

Pendant que Mirebeau résiste sans espoir, le gros des Impériaux se dirige vers la Saône. Sur leur route, ils pillent et incendient Arçon, seigneurie des moines de Bèze, dont certains habitants ont pu se réfugier au château de Belleneuve. Trochères est pillé et brûlé, le prieuré de Saint-Léger et ses dépendances de même ; puis, le 25 octobre, l'armée prend ses quartiers devant Saint-Jean-de-Losne.

Le siège mémorable de cette petite cité est le point culminant de la campagne. C'est le grain de sable qui va enrayer la machine infernale. Après neuf jours d'efforts infructueux, le siège est levé le 3 novembre, les bagages chargés de nuit sous la pluie. Les charriots s'embourbent. Ordre est donné d'enterrer la grosse artillerie et de lever le camp en hâte. Le sol reste jonché de munitions, d'armes, de voitures enlisées. C'est la retraite, la fuite éperdue par la même route qu'ils ont suivie en conquérants, la seule qui leur reste ouverte. Condé, la Valette, Weimar les serrent de près. Eternelle route des invasions et des retraites allemandes passant par Bèze, ou si près, que sa région n'est au cours des siècles que ruines recouvrant d'autres ruines. Les troupes de Charles de Lorraine décampent les premières, les Autrichiens suivent, puis les Espagnols et les Comtois. Les Croates forment l'arrière-garde, ne laissant derrière eux que poutres fumantes et terre brûlée.

A Bèze, c'est la panique lorsque les guetteurs, du haut du clocher donnent l'alarme. La population compte sur les fortifications du bourg pour la protéger, et les hommes gardent les portes, prêts à la résistance. Mais que peuvent faire de vieilles murailles pour garantir d'une pareille avalanche, d'une armée qui doit à tout prix traverser la rivière à Bèze parce qu'il y a un gué. Bientôt les boulets font des brèches par lesquelles les Croates déchaînés pénètrent dans le bourg. Les hommes trouvés sont tués, les maisons pillées, les réserves de grains entassées sur des chariots, l'abbaye déserte, délestée de tout ce qui leur tombe sous la main ; puis, lançant en hâte quelques torches enflammées dans les bâtiments claustraux et une partie du bourg, ils quittent Bèze, laissant le monastère et le village fumants, comme les Normands et les Hongrois autrefois.

A peine le dernier Croate parti, les habitants qui avaient pu fuir ou se cacher, reviennent combattre l'incendie. Hommes, femmes, enfants, font la chaîne depuis la rivière qu'ils déversent dans le bourg, dans le monastère ensuite. Les hommes se précipitent sur les principaux foyers où, à coups de hache et de pic, ils font la part du feu. L'incendie est enfin péniblement maîtrisé. Il est temps, car la nuit de novembre tombe vite et ils sont à bout de forces. Dans la crainte de foyers renaissants, des patrouilles s'organisent lorsque, soudain, l'alerte est donnée qui sème l'effroi : une armée s'avance sur Bèze. Branlebas dans la pénombre de la nuit qui vient. Les hommes sont fourbus, et il n'y a plus de défense possible. Heureusement, c'est l'armée royale qui apparaît, et les gens se croient sauvés . . .

Le cardinal de la Valette, lieutenant-général des armées du roi qui, devenu d'Eglise, n'en prit ni les ordres ni les habitudes, commande les Français ; le duc de Saxe-Weimar est à la tête des Suédois, alliés de la France. « Mais leurs troupes, écrit dom Plancher, faisaient presque autant de mal dans leur passage que l'armée ennemie. A Bèze entre autres, les dégradations que firent les troupes du duc de Waimar ne le cédoient pas à celles que fit Gallas dans le voisinage. » 

Tandis que La Valette et Weimar poursuivent l'ennemi en déroute, les Suédois restés à Bèze en leur absence mettent le bourg au pillage. Les «Suédois» de Weimar n'étaient autres que des Allemands, qui furent appelés ainsi parce que leur chef, avant de passer au service de la France, avait été à celui de Gustave-Adolphe, roi de Suède, de qui il avait appris les nouvelles tactiques de guerre  .Partout où-ils passèrent ils furent plus néfastes que l'ennemi lui-même. Mercenaires s'enrôlant pour le pillage plus que pour une paie régulière, ils ne faisaient aucune différence entre les belligérants et saisissaient toute occasion pour faire main basse sur le moindre butin.

Dès l'annonce de l'entrée de Gallas en Bourgogne les habitants de Bèze avaient porté ce qu'ils possédaient de plus précieux dans leur église fortifiée et son clocher muni de salles de guet   A l'arrivée des troupes de Weimar, certains les considérant comme des alliés de bonne foi durent avoir la naïveté de leur révéler où la richesse de chacun était entreposée. L'amour du lucre aveugle alors ces alliés d'occasion, qui combattent avec la même ardeur pour l'un ou l'autre camp. De plus, soldats luthériens,

ils n'ont aucun respect pour une église de papistes. Ils tentent vainement d en enfoncer les lourdes portes et ne pouvant les ébranler entassent des fagots et y mettent le feu. Gagnant rapidement le faîtage de la nef, les flammes montent le long de la tour du clocher qui résiste, mais dont les pierres sont calcinées. Ce gigantesque incendie, que certains ont attribué à l'armée de Gallas, ne fut pas de son fait, elle n'en eut pas le temps dans sa retraite. Il est l'œuvre de ces mercenaires, dits « Suédois », alliés des Français  -

En outre, ils pillent les maisons, les caves, les celliers de l'abbaye, font bombance et, lorsqu'ils sont ivres mettent le feu partout. Leurs ravages à Bèze sont infiniment supérieurs à ceux de l'armée de Gallas qui n'avait fait que traverser le bourg en hâte. Après cinq jours vécus aux frais de l'habitant ils partent, emmenant « tous les bestiaux, meubles et grains comme ilz faisoient partout où ils passoient »   L'abbaye, vidée presque entièrement, est en partie incendiée.

La population de Bèze n'est pas seulement atteinte dans ses biens, elle va l'être plus encore, dans sa vie même. Parmi les Suédois la peste sévissait, comme partout alors, et les habitants sont très vite contaminé. A la suite de ce cantonnement de cinq jours, la rivière qui traverse le bourg dans toute sa longueur est polluée. Dans chacune des rares maisons habitables. il y a des malades ; les gens s'y entassant faute de logements, la contagion gagne rapidement. Par surcroit, la famine. Les Suédois ont emporté toutes les réserves de grains et les environs ont été pillés de même, soit par eux, soit par les Impériaux. Famine et peste déciment la population de Bèze et les dépendances de l'abbaye. Leurs meubles emmenés, les gens couchent et meurent sur la paille.

  

★   1644

Le 23 juillet 1644, en l'hôtel de Nicolas Philpin, conseiller du roi, élu et contrôleur de l'Election de Langres, Nicolas Febvre, procureur en l'Election, lui expose au nom du révérend seigneur Messire Charles de Ferrières de Sauvebœuf, abbé et baron de Bèze, comment du fait « de l'armée de Sa Majesté, qui avoit esté en ses quartiers en l'année 1636 et de celle de Galas, il auroit esté contrainct dès ledict temps de quitter et abandonner ladite terre de Besze à cause des courses continuelles que les ennemysèze n'était pas encore affranchi. Dominant le bourg fortifié, le clocher de l'église Saint-Rémy de Bèze était beaucoup plus élevé qu'il ne l'est aujourd'hui, car il faisait office de tour de guet, de « cerchia ». L’avocat Bonyard écrira en 1680 encore, qu'il « sert en temps de guerre pour y loger une sentinelle. De ce clocher on découvre de toutes parts les environs de Bèze et les gens de cheval ou de pied qui en approchent.

La visite, qui commence par l'abbaye, montre le pont-levis en ruine ; la « planchette », c'est-à-dire le petit pont-passerelle sur la rivière, de même. A côté, se trouve la chapelle Notre-Dame, faisant partie du chevet de l'église : « le toict et la voulte enfoncez et les images rompues et bruslez », elle est presque entièrement démolie . L'ancien choeur de l'église, qu'elle prolonge, est « aussy ruyné » : sa voûte n'est protégée par aucun toit, « la pluye passant partout au travers d'icelle, laquelle tombera en bref par terre s'il n'y estoit remédyé, estant icelle voulte toute pourrye et rompue en quelques endroictz ». Dans l'église même, il pleut en maints endroits, son cloître est complètement désert, « la chapelle Saint-Estienne entièrement ruynée ».

Le conseiller Philpin, accompagné du procureur et de son greffier, se mettent en route le jour même, et le soir ils vont « gister au lieu de « Selongey ».

Le lendemain 24 juillet, ils arrivent à Bèze « à l'heure de midy » et prennent « logement en la maison de Richard Perceraud, hostellier audict lieu. La visite, qui commence par l'abbaye, montre le pont-levis en ruine ; la « planchette », c'est-à-dire le petit pont-passerelle sur la rivière, de même. A côté, se trouve la chapelle Notre-Dame, faisant partie du chevet de l'église : « le toict et la voulte enfoncez et les images rompues et bruslez », elle est presque entièrement démolie . L'ancien choeur de l'église, qu'elle prolonge, est « aussy ruyné » : sa voûte n'est protégée par aucun toit, « la pluye passant partout au travers d'icelle, laquelle tombera en bref par terre s'il n'y estoit remédyé, estant icelle voulte toute pourrye et rompue en quelques en-droictz ». Dans l'église même, il pleut en maints endroits, son cloître est complètement désert, « la chapelle Saint-Estienne entièrement ruynée ».  

La visite des prudhommes se poursuit avec, partout, les mêmes constatations. La grande salle, un bâtiment de la basse-cour, le pressoir, ne sont que ruines. « Et quant aux quatre tours de ladicte abbaye, l'une d'ycelles appelée la Vieille prison, le toict et couverture d'icelle est entièrement enfoncé et la pluye tombant journellement sur lesdictes murailles et voulte et que si bientost ladicte tour n'est recouverte les murailles tomberont par terre et pour les trois autres ont besoin de recouvrer partout et plusieurs autres réparations par dedans icelle. » De plus, il y a des brèches dans les murailles et l'enclos de l'abbaye, où « il est besoing de promptes réparations sinon elles tomberont entièrement par terre ».

Sur 95 maisons détruites ou endommagées dans le bourg, 37 seulement appartiennent à des hommes encore vivants, les autres propriétaires sont morts, ainsi que leurs héritiers. La toiture de l'église paroissiale est crevée, il n'y a presque plus de vitres, « le fenestrage est rompu ». La « maison de ville » est en ruine, les murailles du bourg ont de nombreuses brèches. La forge et le fourneau de Bèze, détruits, sont inhabitables.

Quant aux dépendances plus lointaines de l'abbaye. Arçon, Viévigne, Noiron et les autres seigneuries, métairies et moulins, les prudhommes les ayant vus, les déclarent « inhabités et ruynés depuis longtemps, partyes desdicts lieux bruslez et incendiez, les terres en friches et non encemancées ».

Dans le finage de Bèze, le demi-tiers seulement des terres est cultivé, « emplantez des quatre grains », tout le reste est en friche et désert depuis longtemps, « ce qui paroict par ies grandes herbes, buissons et espines qui ont crues dans lesdictes terres... ». Partout, les vignes gelées et grêlées récemment encore, si bien qu'il n'y aurait pas « es pais pour faire un muid de vignes dudict lieu de Bèze », tant au clos de l'abbé que dans ses autres vignes ou dans celles des habitants.

Tel est l'état de Bèze et des lieux dépendant de l'abbaye huit ans après Gallas. Toute la région environnante offre le même aspect de désolation. Les enquêteurs, entre 1644 et 1646, rapportent n'avoir « trouvé que cendres, ruines et quelques habitants vivant dans des cabanes noircies par le feu, au milieu de terres en friches. Vingt villages sont entièrement déserts ».


 ★   1698

L'entretien de l'église du bourg incombait, selon l'usage, en partie à la commune, en partie à l'abbé de Bèze. Celui-ci avait la charge du chœur, en tant que seigneur décimateur. La nomination du curé de Saint-Rémi était, comme on le sait, dans les attributions de l'infirmier de l'abbaye ; mais Charles de Ferrières, ayant capté tous les offices claustraux, avait eu le patronage de l'église, ce qui l'obligeait à assurer l'entretien du chœur. Il n'en fit rien. Son neveu Jean de Sauvebœuf pas davantage. Saint-Rémi, brûlé au temps de Gallas, et dont la nef était découverte, avait été sommairement réparée par les habitants. Longtemps le transept et le chœur suffirent à la population réduite ; mais aucune restauration sérieuse n'ayant été entreprise, l'église fut interdite en 1698, à la suite d'une visite de l'archidiacre Filzjean. La chapelle Saint-Prudent, dont les reliques étaient alors à l'abbaye, reçut les paroissiens qui y trouvèrent la place suffisante.

  

★   1767

L'église Saint-Rémi non restaurée, restant interdite depuis 1698, les offices se célébraient dans la chapelle Saint-Prudent depuis lors. Celle-ci très suffisamment grande pour la population réduite du début du siècle, ne l'était plus devant l'accroissement notable des habitants ; mais la force de l'habitude était telle que les gens ne le remarquaient pas. L'abbé Guelaud, dès son arrivée à Bèze, fut le premier à le leur démontrer et à réclamer la restauration de son église en titre.

Poussés par leur nouveau curé, les habitants décident la reconstruction jusqu'au transept, de la nef brûlée par Gallas, ce qui avait motivé l'interdiction. Comme on l'a vu, seul le chœur était à la charge des moines en tant que seigneurs décimateurs. Un violent procès devait sortir de cette décision, où l'abbé Guelaud devait jouer un grand rôle et, déjà, l'opposer aux bénédictins.

  

★   1768  

Au début de 1768 la réfection de la nef est mise en adjudication. Un certain Rosat obtient l'entreprise et les deux collatéraux sont démolis. La bénédiction de la première pierre du portail a lieu le 28 février. En juin la nef, presque entièrement découverte, a mis à nu la base de la tour du clocher qui présente une lézarde inquiétante. Devant ce surcroît de dépense leur incombant, les habitants, conseillés par leur curé, veulent en faire supporter la charge aux moines, bien que le clocher, tour de guet du bourg ait toujours été entretenu par la commune de Bèze comme étant placé sur la nef. Une longue polémique, offrant un caractère pré-révolutionnaire ; s’engage, avec expertises de part et d'autre, procès, plaidoyers virulents des habitants, pour aboutir a une transaction par laquelle les moines capitulent avec aménité. Contre l'usage établi jusqu'alors, ils consentent à faire réparer la tour du clocher, bien qu'ils estiment que la démolition de la nef ait contribue a aggraver la lézarde en laissant tout un côté de la tour suspendu dans le vide. Les Bénédictins prendront même à leur charge tous les frais de procès incombant aux habitants, sauf toutefois les honoraires de leur expert. La transaction est passée à Langres devant le procureur Philpin de Piépape le 7 mars 1769. Le 12, la population de Bèze la ratifie en l'auditoire du bourg, et le 20 tous les moines en la salle du Chapitre du monastère. Ils sont au nombre de huit à l'abbaye ;

Dom Jean-Jacques Vaudray, prieur ;

Dom Joachim Pioche, sous-prieur ;

Dom Zacharie Merle, cellérier-procureur (mais pour lors absent de Bèze),

Dom Nicolas Joly, sous-cellérier et dépositaire ;

Dom Philibert Léaulté, doyen ;

Dom Charles Munier, sacristain ;

Dom Jean-Marie-Judith Calon ;

Dom Hugues-François Bernard, secrétaire ;

Dom François Mortier ; tous religieux profès.

Messire Jean-Baptiste Guelaud, curé, procureur spécial des habitants

est présent et signe en leur nom  .        

Le curé Guelaud triomphe, et ses paroissiens ne voient plus que par ses yeux. Il a eu gain de cause dans le procès, les moines ont capitulé et s’engagent à entretenir à l’avenir le clocher et sa tour. Il ne se montre pas peu fier de ce succès, s’en sert comme d’un piédestal et entretenant soigneusement l’animosité de la plupart de ses ouailles contre leurs seigneurs, voit grandir sa popularité.

  

★   1770

L’année suivant 1770, nouvelle Procédure au sujet des chapelles latérales de l’église, celles de Saint-Mammès et des Saints Ferréol et Ferjeux, aujourd’hui chapelles de Saint-Rémi et de la Vierge. Mais elle ne prend pas l'ampleur du procès de 1768. La construction achevée, l'église est consacrée le 30 octobre 1770 par Jean Arnault, curé d'Arceau et doyen de Bèze, commis à cet effet par l'évêque de Dijon.






Elle est réduite à être méconnaissable. Les collatéraux ont disparu, une seule travée est conservée devant le transept et une nef unique toute simple, sans piliers, remplace l'ancienne. Les moines ont refait la tour du clocher en diminuant considérablement, par prudence, la hauteur de la voûte qui était de 61 pieds 6 pouces et n'est plus que de 45 pieds comme celle de la nef. Les tribunes, au-dessus des chapelles latérales, où l'on chantait le Graduel dans celle du sud et l'Evangile dans celle du nord, sont murées. Pour aller de l'une à l'autre, au cours des cérémonies, les chantres faisaient autrefois le tour extérieur du chœur par un passage dans les arcs-boutants. Tout cela est supprimé ; mais on peut encore en voir les ouvertures muraillées au chevet de l'église. L'abside n'est plus en cul de four, mais carrée, comme celle de l'abbaye, car les moines durent réduire la profondeur du chœur lors de la construction de la route de Gray. La sacristie, autrefois dans la rotonde, derrière le maître-autel, est reconstruite à droite, extérieurement, derrière la chapelle Saint-Ferréol et Saint-Ferjeux
Un arrêté du Conseil du roi des 23 mai et 27 août 1768 avait contraint le monastère à réduire le chœur pour établir la grande route de Dijon à Gray a travers le bourg (Arch. C. O : 3 H. 62.)
Pour la même raison, le cimetière entourant l'église est progressivement désaffecté. Les inhumations sont faites, dès lors, dans celui de N.-D. des Groisses, appartenant à l'abbaye, à côté de la chapelle dominant le monastère
 
 
★   Révolution de 1789

Lorsque la loi du 2 novembre 1789 mit « à la disposition de l'Etat » tous les biens du clergé, ce ne fut que pour éviter de décréter qu'ils lui « appartenaient ». L'expression modifiée pour avoir heurté certains, ne changeait rien à la chose. « L'Assemblée détruisit ainsi la redoutable puissance du clergé, écrit Thiers, le luxe des grands de l'ordre, et se ménagea ces immenses ressources financières qui firent si longtemps subsister la révolution... Elle déclarait ne plus reconnaître les vœux religieux et rendait la liberté à tous les cloîtrés, en laissant toutefois à ceux qui le voudraient la faculté de continuer la vie monastique ; et comme leurs biens étaient supprimés, elle y suppléait par des pensions. »  L'Assemblée Constituante assurant en même temps un traitement aux curés, ceux-ci furent en général très favorables aux événements, et l'abbé Guelaud, l'un des premiers, applaudit aux décrets confisquant les biens des moines contre lesquels il avait toujours lutté depuis son arrivée à Bèze, soutenant les habitants contre leurs seigneurs.

 
★   1790

Bèze, comptant alors environ 950 habitants, est devenu chef-lieu de canton. Les communes de Chevigny, Noiron, Bourberain, Lux, Viévigne et Spoy y sont rattachées. Le 14 juillet 1790, la France entière commémore le premier anniversaire de la prise de la Bastille et prête le serment fédératif que prescrit la loi. Alors qu'à Paris, à la cérémonie du Champ de Mars, le roi lui-même prononce ce serment et enthousiasme une foule en délire, partout en province on organise des solennités.
Le dimanche précédent, au prône de la messe paroissiale de Bèze, le maire avait invité « tous les citoyens et les gardes nationales » à assister ce jour-là à une « Grande Messe », célébrée en l'église du bourg, « pour demander au Tout-Puissant la prospérité de l'Empire français ».
Le mercredi 14 juillet, à onze heures, les officiers municipaux « revêtus de leurs écharpes et conduits par les gardes nationales de Bèze » se rendent à l'église paroissiale. A l'issue de la messe, à « midy frappant, au son de toutes les cloches et des fanfares », la municipalité encadrée de la garde et suivie de la foule, s'achemine, « par une pluie battante », vers l'autel de la patrie, dressé dans un vaste champ à côté de la forge. Le maire s'avance jusqu'aux marches de l'autel et prête « à haute et intelligible voix le serment civique requis... » puis, s'adressant à toute l'assistance, il répète la formule du serment. Les officiers municipaux, les officiers et les gardes nationaux, rangés sur deux lignes, et tous les citoyens présents lèvent la main et crient « à pleine voix : Je le jure ». La cérémonie achevée, les municipaux rentrent dans le bourg, au milieu de la Milice nationale qui les reconduit jusqu'à la salle de leurs audiences où un procès-verbal est dressé et signé solennellement.
L'abbaye elle-même meurt lentement. Il n'y a plus que quatre religieux. Les 12, 13, 14, 15 et 19 octobre a lieu l'estimation des propriétés monastiques, devenues biens nationaux, dont Louis-François Langlois est nommé garde général.

 
★   1791

Tous les objets précieux, vases sacrés et reliquaires, doivent être versés au Trésor public. Ces reliques, vénérées en l'église Saint-Pierre depuis tant de siècles, que la dévotion de leurs ancêtres s'était plu à voir dignement ornées, en sont extraites par la municipalité imbue de son rôle de « destructeur de superstition ».
Comme l'écrit Henri Chabeuf : « La Révolution s'acharna sur les œuvres faites d'un peu de métal précieux et de beaucoup d'art et, pour un profit actuel minime, appauvrit irrémédiablement le patrimoine artistique de la France. » 
Le 7 octobre 1791 la loi constitutionnelle de l'empire français est publiée à Bèze en grande pompe. A l'issue des vêpres, où le « Te Deum » et le « Domine salvum fac Regem » ont été entonnés par le curé-maire en présence de la municipalité et de la garde nationale, le cortège officiel se forme et parcourt le bourg, le maire Guelaud en tête. Il s'arrête à tous les carrefours, sur toutes les places, où lecture est faite d'une fraction de la Constitution et, après chaque arrêt, une salve est tirée par la garde, suivie d'un envoi de dragées pour les enfants .
Peu après, le 13 novembre suivant, de nouvelles élections ont lieu à Bèze. Il s'agit de pourvoir au remplacement de plusieurs officiers municipaux démissionnaires à la suite de Guelaud qui a obtenu de se retirer. Clément Frillié est élu maire. Cependant le curé de Bèze continue à siéger parmi les notables, signant dans le registre des délibérations « Guelaud, prêtre », précédé du signe maçonnique "//" . Il reste curé-doyen.

 
★   1794

A partir du 4 mars 1794 les exercices du culte sont suspendus par ordre du District d'Is-sur-Tille ; les offices catholiques ne sont plus célébrés, même par les prêtres assermentés . Les cloches de l'église sont descendues.
Le 4 germinal an II (24 mars 1794), le Comité de Salut Public décrète « que toutes les cordes, servant aux sonneries des cloches descendues, seront rassemblées sous quinze jours au plus tard dans un lieu indiqué par chaque district, aux bords des rivières ou des routes qui faciliteront le plus le transport et le charroi ; que, sur-le-champ, elles seront expédiées pour le port de mer le plus voisin et remises à la disposition du ministre de la marine. Le Comité charge les Directoires de Districts de l'exécution du présent arrêté. Signé: Robespierre, Billaud-Varenne, Carnot, C.A. Prieur, B. Barrère, Collot-d'Herbois, Saint-Just, Couthon. »
Lorsque le 18 floréal an II (7 mai 1794), le culte de l'Etre Suprême est établi, l'église paroissiale de Bèze en devient le temple. On y fait des distributions de savon  .
Tout ce qui peut rappeler la religion des temps anciens est détruit ; les croix des carrefours brisés, les statues de saints mutilées.
De son côté la population est traquée. Le 8 vendémiaire an III (29 septembre 1794), un ordre du district interdit aux cabarets de servir à boire aux citoyens de la commune sous peine d'une amende de cent livres. En cas de récidive l'amende est double, le cabaretier condamné à trois jours de prison et les portes de son établissement « murées » pour trois mois. L'agent national Antoine écrit dans son rapport à la municipalité : « C'est dans la fange de ces lieux de dissolution que se corrompt la morale publique, se trament des projets liberticides et se fomente le mépris des lois. »

 
★   1795

La loi du 3 ventôse an III (21 février 1795) ayant autorisé la liberté de « tous » les cultes, les prêtres assermentés reprennent leurs fonctions publiques  .Mais les habitants ne peuvent s'habituer au silence des cloches. Leurs jours avaient été rythmés par elles et les travaux des champs réglés par les trois Angélus. Esprits frondeurs comme il l'ont été de tout temps avec l'abbaye, les gens de Bèze ne se laissent pas impressionner par les brimades de la République. Le 3 germinal an III (25 mars 1795), au grand émoi de la municipalité responsable, les cloches remontées secrètement sont sonnées à toute volée. Le bourq en résonne étrangement. Le maire, affolé, assemble sur le champ son conseil municipal pour que le procès-verbal de la séance précise bien « que ni les uns ni les autres n'ont participé à cette rébellion, dont ils n'ont eu connaissance qu'en entendant sonner les cloches »  .
Pendant ce temps, la démolition systématique de l'abbaye se poursuit. De l'église, il ne reste pas pierre sur pierre ; elle est rasée, ses fondations nivelées. et Faitout, le papetier acquéreur, en vend tous les matériaux.

 
★   1796

L'année suivante, an IV, une loi sur « l'exercice et la police extérieure du culte » est promulguée le 21 ventôse (10 mars 1796). Les cérémonies religieuses rétablies, leur célébration est confiée au seul clergé constitutionnel qui occupe à peu près toutes les cures conservées par la Révolution, les prêtres fidèles étant exilés ou déportés. Chaque municipalité doit établir un certificat de l'entière disparition des signes extérieurs du culte, et Dumay, agent municipal de Bèze, fait la déclaration suivante :
« Je soussigné Agent Municipal de la Commune de Bèze, Chef-Lieu de Canton, certifie à tous qu'il appartiendra qu'il n'existe sur le territoire de cette Commune aucuns signes extérieurs de Culte ; que le citoyen qui y préside les cérémonies religieuses, et qui jamais ne fut ministre du culte catholique, a rempli les formalités prescrites par l'article 6 du titre 3 de la loi du 7 vendémiaire an 4e, et par l'article 17 de la section 3 du titre 4 de la même loi. Certifie en outre que l'article 11 de l'arrêté départemental du vingt un ventôse dernier y reçoit sa pleine et entière exécution. En foi de quoi j'ai signé le présent certificat à l'administration municipale du Canton de Bèze le quatorze germinal de l'an quatrième de la République française Une et Indivisible. (Signé :) Dumay, agent municipal de Bèze. »


 
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"L'église paroissiale Saint-Rémy, avec son transept du XIIIe siècle et sa tour de guet : par quel miracle les statues qu'elle renferme ont-elles traversé le cyclone révolutionnaire qui s'acharnait à les briser et les mutiler ? Comment la Vierge du XVe siècle, la Madeleine et le Saint-Jean-Baptiste du XVIe, sont-ils là ?


Notre-Dame des Groisses (Classée MH en 1907)


 Pour Notre-Dame des Groisses, du XVIe, nous savons qu'elle a été retrouvée enfouie sous les décombres de sa chapelle   lors de l'aménagement du cimetière sur son emplacement vers 1820 et installée alors solennellement dans l'église. N'étant que peu mutilée, il est vraisemblable qu'à l'époque de la Terreur elle fut pieusement couchée sur le sol par une main dévote et recouverte de gravats. D'autres statues de saints, placées un peu partout dans des niches creusées dans les murs des maisons du bourg, furent sans doute cachées de même pour la plupart, puisqu'elles ont survécu ; à moins que les démolisseurs de l'abbaye se soient amusés à les donner aux enfants en guise de jouets, à l'exemple de la Vierge de 1J Chaume, à Beire  . Seul, l'« Agnus Dei » encastré dans le mur du four banal est en partie brisé, de même un groupe de deux hommes, un moine et un manant semble-t-il, sculptés à l'extérieur d'une maison sur la place et qu'il est difficile d'identifier. Une petite Vierge, placée dans une niche à l'angle de la place et de la rue de l'Encloître n'a disparu que récemment.

Une autre statue, fort belle, a survécu à la destruction fanatique. Après avoir séjourné un siècle encore à Bèze, elle est allée se perdre dans l'anonymat des antiquités monastiques éparses dans le monde. Sainte Syre, pieuse pèlerine honorée en Champagne, avait été taillée dans la pierre en un style très champenois aux environs de 1528-1539, d'après Henri David  c'était sous l'abbatiat de Jean de Fay.

Elle mesurait 1 m. 30 de haut. Un écusson portant les armes du donateur interrompait le nom de sainte Syre gravé sur le socle : de... à la fasce de... accompagnée de 3 étoiles de... Ces mêmes armoiries se retrouvent au pied de la Vierge à l'Enfant, dans l'église de Licey. Elles appartiendraient aux Jaquot, grande famille de magistrats qui portaient « d'azur à la fasce d'or, accompagnée de 3 étoiles du même ». Paris Jaquot, avocat du roi au bailliage de Dijon et avocat général au Parlement de Bourgogne en 1526, aurait pu être le généreux donateur de ces deux statues à l'abbaye de Bèze (H. David : op. cit., 179 à 181 avec représentation lithographique de la statue disparue).

Elle avait été placée aux abords immédiats de l'abbaye, près de la tour aux Choues et des bâtiments de l'ancienne lingerie convertis en ferme. Les descendants du premier acquéreur la vendirent vers 1890 à l'un de ces antiquaires qui écumaient les campagnes.

Ailleurs, à la limite du bourg fortifié et à côté de la porte Saint-Prudent, se voit une petite statue encastrée dans le mur au faitage d'une maison dominant autrefois les remparts. Ce n'est plus que le moulage en plâtre de l'original, vendu au début du siècle et parti, comme sainte Syre, pour un lieu inconnu. Personnage aux traits juvéniles, vêtu d'une robe descendant jusqu'aux talons, sur laquelle il porte un ample manteau ouvert, presque aussi long. Mains jointes, tête nue montrant une épaisse et longue chevelure, le manipule au bras gauche, insigne des diacres. C'est en effet le diacre de Narbonne, saint Prudent, le Guérisseur, dont la statue originale en pierre était autrefois dans sa chapelle. Et cette petite et timide effigie du grand saint vénéré à Bèze, l'unique connue, nous montre la forme sous laquelle les moines l'ont présenté aux fidèles. Son attitude de prière semble implorer la guérison de ceux qui lui sont amenés, la tête penchée sur le côté et les yeux baissés il paraît compatir à leurs misères. Aujourd'hui, il semble accueillir l'arrivant à l'entrée du bourg qu'il protège.

Par contre, une statue en pierre, très mutilée, mais qui paraît être un saint André d'après sa croix sur le côté gauche, est gardée pieusement par une autre famille qui met dans sa possession une vertu tutélaire. Car il est de règle à Bèze que ce qui vient de l'abbaye ne doit pas quitter le bourg, ni même la maison où un vestige a échoué après la tourmente. C'est une croyance qui a ses racines au plus profond de la race. Ceux qui enfreignent ce précepte ont tout à craindre.

La chapelle Saint-Prudent est transformée en habitation, partagée dans sa longueur en trois pièces et en trois étages dans sa hauteur. Elle conserve encore, apparente dans son grenier, sa charpente d'origine voûtée en bois de châtaignier et la petite rose éclairant faiblement son chevet. Ses vieilles dalles d'église, usées par endroit par la foule des pèlerins et le passage des voitures de malades, gardent l'empreinte de l'autel sur lequel reposait la châsse resplendissante du saint Guérisseur."

 

Par Solange de Montenay 
L'ABBAYE BENEDICTINE SAINT-PIERRE DE BEZE  
(Son histoire au fil des jours)



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AUTRES ELEMENTS DU PATRIMOINE MOBILER DE L'EGLISE SAINT-REMY 
(Source Plate-Forme Ouverte du Patrimoine du Ministère de la Culture) 

 

Statue de la Vierge à l'Enfant, 4e quart 15e siècle  - située bras droit du transept





Retable architecturé à niche - Statue Saint Rémy

Statue Saint Rémy (grandeur nature) - 17e siècle 
dans retable - située bras gauche du transept



Statue Sainte Madeleine (petite nature)
1ère moitié 16e siècle - Chœur



Statue Saint-Jean Baptiste 1er quart 16e siècle - Choeur




Tableau Saint-Rémy baptisant Clovis 1er
Copie du XIXe de l'original de la Cathédrale de Reims exécuté par Sachetti
Tableau de 3,80 x 3,00m situé bras gauche du transept





Statue Saint-Rémy (1) 15e siècle
(petite nature, hauteur 125cm)
Posée près des fonts baptismaux




Fonts Baptismaux 19e siècle- Près du portail d'entrée 




Christ en croix 16e / 17e siècle - Grandeur nature
Bois : teinté (foncé), vernis



Clôture sanctuaire (grille de communion du chœur),
provenant de l'Eglise Abbatiale de l'Abbaye de Bèze


Clôture de sanctuaire devant l'autel (Grille de communion) 
En provenance de l'Eglise Abbatiale de l'abbaye de Bèze, 
incendiée à la Révolution 





Trois cloches au clocher, travée centrale du beffroi.
. Une grosse de 840 kg datée de 1828, par Fort Puîné (Fondeur de cloches) 
. Une seconde datée de 1773 avec Cachet : DURAND A DIJON


Cloche N° 2 


Cloche N°3 plus petite, datée de 1710, fondue par Charles Joly fondeur à Brévannes,
provenant également de l'Eglise Abbatiale de Bèze






Dates d'ouverture 2024

    SAISON  2024                       (Quatorzième année d'ouvertures à la visite - 50 jours par an)     Pour nous joindre : Port 06 17...